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Séminaire du Groupe de Recherche Autour des Savoirs Situés

Séminaire du Groupe de Recherche Autour des Savoirs Situés (GRASS)
Mercredi 25 mai de 14h à 16h
Inscription (Zoom)

Programme :

14h - 14h15 :         Présentation du projet GRASS : Yosra Ghliss & Deborah Leter

14h15 - 14h45 :     Conférence de Zakia Ahmed: Doctorante en anthropologie sociale et culturelle, Département Afrique-Océan indien, INALCO, CESSMA (UMR 245) Paris.
« Faire venir l’ancêtre : sexualité et maternité chez des femmes mahoraises»

14h45 – 15h15 :     Conférence de Larissa Kojoué-Kamga : chargée de cours de sociologie politique à l'université de Buea au Cameroun et chercheuse associée au CEPED/Paris :
« Internet m’a permis d’exister !» Visibilités queer et ordres politiques à l’ère du numérique au Cameroun

15h15- 15h45 :     Discussion avec les intervenantes- échange avec le public

Descriptif :

Conférence de Zakia Ahmed
« Faire venir l’ancêtre : sexualité et maternité chez des femmes mahoraises»
Encore aujourd’hui chez des femmes mahoraises, l’initiation à la sexualité adulte se déroule dans le cadre de l’union coutumière. Depuis l’adolescence jusqu’à la célébration du mariage débute une période d’apprentissage des codes de la féminité notamment de la notion de pudeur, de la retenue et celle de se préserver. En outre, même si l’obligation de la virginité est de plus en plus rare dans de nombreuses familles, dans ce groupe socioculturel, devenir une femme, c’est être « la femme de quelqu’un ». Les rites nuptiaux sont un prélude aux rituels de l’enfantement. Le corps des femmes mahoraise est encore un corps sacré dédié à la transmission de la mémoire des ancêtres. A partir d’enquêtes qualitatives conduites auprès de femmes mahoraises à La Réunion et à Mayotte, la présente communication analyse l’étroite articulation entre la reproduction sociale et la sexualité féminine.
Mots-clés : femme, mahoraise, La Réunion, Mayotte, féminité, sexualité, enfantement, rituels, enfantement, ancêtres.

Conférence de Larissa Kojoué
« Internet m’a permis d’exister !» Visibilités queer et ordres politiques à l’ère du numérique au Cameroun
Dans cette communication je souhaite parler des différents usages des outils numériques, dont spécifiquement internet, par des publics dont l’existence même est contestée du fait de leur identité de genre et de leur orientation sexuelle. Il ne fait pas de doute que ce nouvel espace public offre à ces publics des opportunités d’expression inédites voire uniques, là où la violence et le rejet de ces expressions sont institutionnalisés par la loi, et fortement encouragés par la quasi-totalité de la population qui les perçoivent comme importées, mystiques et donc dangereuses. Au Cameroun, toute prise de parole en dehors d’une vision conjugale de la sexualité (cadre hétérosexuel, sexualité reproductrice, domination masculine) est tout de suite frappée de méfiance et de réactions conservatrices, ce qui rend le débat difficile, y compris dans des espaces de production du savoir comme à l’université. Le philosophe Fabien Eboussi Boulaga tirait pourtant la sonnette d’alarme en 2006 en coordonnant vaillamment un dossier « l’homosexualité est bonne à penser » sur l’intérêt non seulement de penser les sexualités non normatives, mais aussi de prendre position en faveur de l’inclusion. Il n’est plus possible désormais d’ignorer l’existence des minorités sexuelles et de genre camerounaises, grâce aux stratégies de négociation de l’espace public et de mise en visibilité qu’elles déploient au travers des réseaux sociaux. Je discuterais du paysage numérique camerounais, de ses enjeux pour les minorités, ainsi que de la portée politique de leur exposition publique. Au-delà, je souhaite aussi parler du « je » méthodologique féministe queer dans l’espace universitaire camerounais, une situation qui doit composer avec l’engagement émotionnel, la position sociale, les postures méthodologiques et théoriques, ainsi qu’un contexte qui dessine des aspirations légitimes à l’auto-détermination, pour des Etats marqués par des rapports inégaux avec les anciennes puissances coloniales.