Events

Construction et déconstruction par l'image des identités combattantes

Construction et déconstruction par l'image
des identités combattantes

Colloque organisé par Parand Danesh & Doriane Molay,
Doctorantes à l'École des Hautes Études en Sciences Sociales de Paris,
Centre d'Études Sociologiques et Politiques Raymond Aron.
Vendredi 25 mars 2022

Inscription pour y assister en personne
(6 rue Thomas Mann, Paris 13e)

Inscription pour y assister en ligne
(Zoom)

L’image, et a fortiori depuis qu’elle peut être photographique, constitue une fondation essentielle de la construction des identités individuelles. Il semblerait même qu’elle en soit aujourd’hui la fondation première, notamment au regard de l’importance croissante depuis le début du XXe siècle du champ de la psychanalyse et des théories inaugurales de Lacan pour qui le moi n’existe pas avant l’exercice de la réflexivité - le si fameux stade du miroir. Pourtant, lorsqu’il s’agit d’aborder les mécanismes à l'oeuvre dans la construction des identités collectives, l’épistémologie fractionne majoritairement les champs de la recherche et sépare les études visuelles ayant trait au contenu esthétique et philosophique de l’image de celles portant sur la psycho-sociologie du sujet. En contexte de combat, l’image devient le support d’étude privilégié de la sémiotique des gestuelles et des attitudes ainsi que de la symbolique des attributs militaires, patriotiques et genrés qui se trouvent aux fondements des identités guerrières. Images-témoins qui donnent à voir le caractère ineffable des tueries, portraits d’identité servant à tenir les registres des camps de la mort, photo- reportages à diffusion massive ou simples clichés de journées calmes passées au front dont sont tapissés certains albums de famille : l’image en temps de guerre dit quelque chose de l’universalité de l’expérience humaine et de ses limites.

La guerre n’est pas un événement où l’image se tait d’effroi. L’image participe activement aux combats et constitue une faction considérable de l’identité combattante. À ce titre, et après une introduction des organisatrices dont les travaux de recherche respectifs s’articulent autour d’archives visuelles (l’une étudie les albums photographiques des guerres du XXe siècle, l’autre travaille sur le substrat symbolique de l’iconographie martyrologe), six chercheurs proposeront de courtes interventions d'une dizaine de minutes portant sur un cas d'étude révélant cette pragmatique de l'image. Six autres seront leurs répondants et tenteront de préciser ou de prolonger les points de vue proposés. Seront par exemple abordées les conséquences de l’identification des terroristes ou encore la pratique massive des albums photographiques chez les soldats nazis.

De la même manière, l’image peut aisément détruire l’édifice identitaire au point de réduire la fierté combattante à la honte de s’exposer en place publique, sentiment notamment partagé par bon nombre de gueules cassées. De la même manière que l'organisation de la matinée, la déconstruction sera abordée à partir des interventions de six chercheurs et de leurs répondants. Seront ici examinés des cas d'étude comme le procès de Nuremberg ou le scandale d'Abu Ghraib.

Les interrogations principales qui retiendront notre attention seront donc les suivantes : comment se construisent et se déconstruisent, à partir de l’image, les identités individuelles et collectives en temps de guerre ? Quelles formes prennent ces identités et quels sont les mécanismes de ces édifications et de ces démolitions ? Enfin, se peut-il qu’à son tour cette modélisation esthétique de l’identité soit génératrice de conflits guerriers ?

PROGRAMME