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Colloque International:

Paul Claudel, résolument contemporain

 

Published on Sep 20, 2018

du 19 au 21 septembre 2018, organisé par Didier Alexandre

Mercredi 19 septembre à la Bibliothèque François Mitterrand, jeudi 20 septembre à 9h00 à l'Université de Chicago et le vendredi 21 septembre à Sorbonne Université.

Sorbonne Université, Faculté des Lettres, UMR CELLF 16-21, en collaboration avec la BnF, l’INA, l’Université de Chicago, la Comédie-Française, le Labex OBVIL Comité scientifique : Didier Alexandre, Joel Huthwohl, Catherine Mayaux, Florence Naugrette, Thomas Pavel

De qui Claudel est-il le contemporain? Evidemment, de tous les écrivains, les artistes, les intellectuels avec qui il a partagé un siècle d’histoire et de littérature. Claudel, le diplomate, l’écrivain, l’homme de théâtre, le catholique, a marqué de sa présence des générations, sa vie durant, jusqu’à aujourd’hui. C’est cette conscience d’être engagé dans l’histoire en train de se faire que le colloque mesurera et c’est sur ce qu’il voulait dire ou veut encore dire à ses contemporains, essayistes, poètes, philosophes, acteurs, metteurs en scène que chacun s’exprimera. 

Être contemporain de Claudel, est-ce seulement cette commune présence? Non, évidemment. René Char écrit du poète dans Rougeur de Matinaux : « Nous sommes des passants appliquésà passer, donc à jeter le trouble, à infliger notre chaleur, à dire notre exubérance. Voilà pourquoi nous intervenons ! » Claudel, qui se définissait comme le « professionnel de l’absence », toujours en partance, « ahuri et dépaysé », héros d’une parabole que Kafka aurait pu écrire et hôte d’une réalité qu’il ne pouvait prendre « complètement au sérieux », ne pouvait s’empêcher d’intervenir. Quelles furent ces interventions, à quels moments, en quels lieux ? Claudel choisissait-il l’affrontement ou au contraire revendiquait-il une distance, un décalage, une disconvenance, un anachronisme :  coïncidait-il vraiment avec le présent, adhérait-il jamais à l’esprit du temps ? Sa critique, cette faculté qui permet de mettre en crise, on pourra en examiner l’expression et les choix, esthétiques, discursifs, idéologiques, religieux, politiques, économiques. Elle éloigne souvent Claudel de l’actualité trop visible, pour qu’il recherche ce que Giorgio Agamben, qui s’interroge sur le contemporain, appelle l’obscurité, la lumière de l’obscurité qui s’approche et s’éloigne, les étoiles. Dans La Dérivation, le poète ne peut saisir toutes les étoiles du ciel que dans « la nuit tout entière ». Que signifieraient, pour Claudel, cette part obscure et ces étoiles ? 

Une réponse s’impose. Claudel contemporain n’est pas seulement le Claudel actuel –ou inactuel. Il a été celui qui a questionné le présent, le maintenant, pour revenir au temps présent messianique, à cette éternité qui est l’alpha et l’oméga, où tout s’origine et où tout finit. Claudel ne serait-il jamais plus contemporain que lorsqu’il retrouve cette éternité?  Cette réponse s’impose. Mais suffit-elle pour faire de Claudel notre contemporain ? 

En ce cent-cinquantième anniversaire de sa naissance, le colloque voudrait rappeler quelle place a occupée et occupe encore aujourd’hui Claudel dans notre patrimoine, notre culture vivante, notre pensée, notre monde, et nos imaginaires.