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Race et Révolution française

Race et Révolution française
Organisation : Karine Rance
(université de Clermont Auvergne)  Eric Saunier (université du Havre)
Vendredi 26 novembre 2021 de 17h à 21h

Inscription pour y assister en personne
(6 rue Thomas Mann, Paris 13e)

Inscription pour y assister via Zoom

La question de la race a été remise au cœur de la réflexion scientifique depuis plusieurs années. C’est un sujet particulièrement sensible en France, comme l’ont montré récemment l’intensité des débats déclenchés successivement autour de la publication du livre de Gérard Noiriel et Stéphane Beraud (Race et sciences sociales) puis à l’occasion du Bicentenaire de la mort de Napoléon. A la lisière du champ académique et de la sphère politique, la polémique autour de l’islamo-gauchisme présumé d’une partie du monde universitaire français est aussi la preuve de cette sensibilité sociétale aux origines de laquelle il est un constat : l’utilisation de la catégorie « race » est vue comme difficilement compatible avec l’universalité des valeurs affirmée en France depuis et par la Révolution française.
La Révolution apparaît de ce fait comme le moment fondateur de l’articulation politique entre race et intégration nationale en France. Ce sujet, malgré son importance, a été longtemps tenu à distance par les historiens français pour de nombreuses raisons : son incompatibilité avec l’universalisme, le refus à l’époque de la guerre froide de la perspective atlantiste ouverte par R. Palmer et J. Godechot, les réticences à l’égard d’une histoire culturelle. Mais depuis que les colonies ont été remises au cœur des études révolutionnaires il y a plus de trente ans, puis considérées dans une perspective globale qui invite à la placer sur le devant de la scène de la réflexion historique sur la période révolutionnaire, la question de la race occupe une place de choix dans le champ des études sur la Révolution, comme en témoignent des publications récentes (F. Régent, P. Serna, JF Niort, Les colonies, la Révolution française, la loi).

Dans quelles mesures la notion de race est-elle opératoire pour mieux comprendre l’histoire de la Révolution ?
S’agit-il d’une catégorie plaquée sous l’effet du développement des études atlantiques sur une réalité sociale et un contexte historique dans lequel elle n’est pas pertinente, ou au contraire le résultat d’une internationalisation fructueuse de la recherche révélant un long « aveuglement à la couleur » du monde universitaire français (Pap Ndiaye, Jean-Frédéric Schaub) ?
Y a-t-il une spécificité, due à l’affirmation au moment de la Révolution des principes universels et à la volonté de les exporter, dans la conception qu’a la France d’articuler la race et la citoyenneté ?
A l’heure où l'esclavage est aboli et où l’anthropologie fonde un savoir nouveau sur l’humanité (J.-L. Chappey), des hiérarchies sont établies entre des populations racialisées (A. Lafont ; C. Vidal). Faut-il y voir une « fabrique européenne de la race » (Cahiers d’histoire 2020) ?
Dans quelle mesure la révolution a-t-elle modifié dans les colonies un ordre social fondé sur la race et le genre, qui rencontrait déjà des résistances dans la sphère domestique (J. Palmer) ?
Ces questions seront au cœur de notre journée d’étude pendant laquelle on aura soin aussi de relativiser le poids de ces constructions, qui relèvent de politiques complexes et plurielles de la race (M. Covo).

Les champs d’étude s’étendront à l’Océan Indien, aux Caraïbes, à l'Empire ottoman, et au territoire métropolitain.

Programme